Les propos qui vont suivre ne se présentent pas comme une vérité ou un positionnement d’opinion de notre part, il s’agit simplement de mettre en lumière le comportement des femmes face à la gestion de leur patrimoine, en posant des mots sur des constats de professionnels du secteur et sur les chiffres de récentes études et de sondages.
Un contexte historique
La France est marquée par une culture de la transmission de l’héritage à l’homme. Déjà du temps des Gaulois et du Moyen Âge, ce sont les hommes qui héritaient, s’occupaient de l’argent et du patrimoine.
L’émancipation financière des femmes est très récente. Ce n’est que depuis 1965 que les femmes sont indépendantes financièrement, qu’elles peuvent ouvrir seules un compte bancaire sans l’autorisation de leur époux. Depuis 1967 elles ont accès à la Bourse de Paris, et depuis 1985 les époux sont égaux dans la gestion des biens familiaux. Ces évolutions ont moins de 60 ans, pour la majorité d’entre nous, nos mères les ont donc vécues.
Il y a une croyance très forte que la finance et le patrimoine sont des sujets réservés aux hommes, ce qui explique la relation des femmes à l’argent et leur attitude lorsqu’elles investissent.
Un intérêt commun
De nos jours les femmes s’intéressent évidemment autant à leur patrimoine que les hommes. Chez Cyrus Conseil par exemple, 46% de nos clients « physiques » sont des femmes et 54% des hommes, célibataires et couples confondus. Ce sont leurs motivations et leurs comportements qui diffèrent.
D’après une étude menée en 2017 par l’Union Financière de France, les femmes et les hommes ont les 4 mêmes préoccupations mais les classent dans un ordre différent. La priorité pour les femmes est l’épargne de précaution (39 %) et la retraite (33 %). Le financement des projets personnels (26 %) et la préparation de l’avenir des enfants (24 %) ne viennent que dans un second temps.
Des inégalités qui subsistent
Les inégalités salariales se sont creusées entre les hommes et les femmes, passant de 9% en 1998 à 15,4% en 2021, selon une étude menée par Eurostat. Les femmes épargnent donc beaucoup et souvent plus que les hommes, car elles ont davantage besoin de conserver des liquidités. Notamment pour couvrir les dépenses du ménage et les frais liés aux enfants, et pour pouvoir faire face aux imprévus.
Elles ont une espérance de vie en moyenne supérieure à celle des hommes de 6 années (selon l’INSEE, 2021) et elles perçoivent des pensions de retraite en moyenne 40,5% moins élevées que les hommes (selon la DREES, 2021), ce qui entraîne une réelle baisse du niveau de vie pendant plus longtemps, et justifie cette nécessité d’épargne de précaution.
En revanche, cette épargne de précaution est souvent conservée sur leurs comptes bancaires, la notion d’investissement et l’espérance de rentabilité est moins présente que chez les hommes.
Quels sont les types de placements les plus plebiscités ?
En matière de placements, les femmes ont un profil de risque plus prudent que les hommes. Selon l’AMF – Autorité des marchés financiers, 39% des femmes placent leur argent sur des placements dits sûrs, contre 27% des hommes. Il s’agit d’une moyenne qui ne reflète pas la situation des plus fortunées qui, bien sûr, ont une plus grande appétence au risque.
Certaines femmes ont besoin de se sentir en confiance, de donner du sens à leurs investissements, et de comprendre les conséquences des risques de perte qu’elles sont prêtes à prendre face à un réel besoin de performance. A l’inverse, les hommes agissent davantage par spontanéité et penseront d’abord au rendement de l’investissement avant de penser au risque ; ce qui peut expliquer cette appétence au risque plus marquée.
Les femmes auraient tendance à se tourner vers des investissements plus concrets, comme l’immobilier ou les classes d’actifs telles que le private equity. Seules 5% des femmes investissent en bourse, car elles considèrent ce placement très volatil. Les femmes sont également toutes désignées pour souscrire à des enveloppes comme le PER – Plan Epargne Retraite, qui permet de préparer sa retraite dans de bonnes conditions. La retraite est, on l’a vu, la deuxième préoccupation des femmes en matière de patrimoine.
On remarque aussi chez les femmes, notamment celles de la génération « Y », une réelle volonté d’allier performance et impact positif des investissements. Les femmes prêtent davantage attention à l’impact environnemental, social et gouvernemental de leurs investissements.
On le voit les préoccupations des hommes et des femmes sont donc les mêmes en matière patrimoniales. Cependant, nous parlerons davantage de cycle de vie et de sécurité à une femme, et de la performance des produits à un homme.
Finalement faut-il vraiment parler de gestion de patrimoine au féminin ?