Retrouvez l'actualité macro-économique et financière par Kevin Baslame, Gérant Invest AM
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Bonjour,
Aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe, les Banques Centrales sont sur le point d’accélérer leur mouvement de normalisation. Pourtant, nous pensons que le pic inflationniste est proche d’être atteint.
Le consensus table désormais sur dix hausses de 25 points de base pour les taux courts américains d’ici à la fin de l’année, ce qui implique une nette augmentation du rythme des relèvements. En Europe, la BCE qui ne devait pas agir avant 2023 pourrait désormais procéder à sa première hausse aux alentours de septembre 2022.
Le contexte inflationniste justifie cet ajustement rapide, avec des rythmes de hausses des prix très supérieurs aux objectifs des Banques Centrales. L’institution monétaire chinoise reste elle à contre-courant, cherchant avant tout à préserver la croissance domestique menacée à court terme par la résurgence de la pandémie.
Les deux incertitudes liées à la durée de la guerre en Ukraine et à l’importance de la vague de Covid en Chine rendent l’analyse aléatoire à court terme. Dans les deux cas, une amélioration rapide aurait des effets désinflationnistes immédiats (via les matières premières pour l’Ukraine et le rétablissement de la chaîne d’approvisionnement pour la Chine). Un prolongement de ces deux aléas maintiendrait l’inflation à des niveaux élevés.
Pourtant, il semblerait qu’un pic serait proche sur l’inflation mondiale. Tout d’abord, on remarque une augmentation récente de la production de pétrole dans le monde (notamment aux Etats-Unis avec la réouverture de puits exploitant le pétrole de schiste). Dans le même temps la demande stagne voire décroit légèrement. Un éventuel boycott du pétrole russe pourrait contrer cette tendance mais on constate que le monde finit toujours par s’adapter aux évènements. Une baisse ou même une stagnation du prix des matières premières, compte tenu des effets de base, provoquerait une décrue de la partie conjoncturelle de l’inflation. C’est une hypothèse crédible au cours du second semestre 2022.
La partie plus structurelle de l’inflation liée aux salaires, aux loyers ou au sous-investissement des entreprises touche surtout les Etats-Unis, même si en Europe la perception de l’inflation par les ménages provoque davantage de revendications salariales. On constate toutefois un ralentissement de la progression du salaire horaire américain, qui reste autour de 6 pour cent. Les loyers américains sont tirés par la pénurie de logements qui mettra du temps à se résorber. L’inflation structurelle aux Etats-Unis est bien installée mais ne devrait pas accélérer dans un avenir proche.
Les évènements internationaux récents font craindre un fort ralentissement de l’activité économique, voire une récession. Nous ne partageons pas ce point de vue. La croissance mondiale est certes touchée par ces facteurs exogènes mais reste solide. Le PIB américain du premier trimestre (-1,4 pour cent) ne doit pas être surinterprété car largement dépendant d’un effet commerce extérieur (-3,2 pour cent) et stocks (-0,8 pour cent).
Les composantes internes de l’activité restent soutenues : la consommation tient, aidée par une épargne abondante et l’investissement des entreprises accélère pour faire face au déficit d’offre par rapport à la demande. En Europe la croissance est également en léger repli mais les dernières statistiques de consommation, de commandes de biens d’équipement et le niveau d’emploi laissent augurer d’une activité toujours solide.
Cependant, une aggravation ou une extension du conflit ukrainien serait en revanche un facteur de faiblesse de l’activité.
Dans cet environnement, nous préférons adopter une position plus prudente à court terme en attendant d’y voir plus clair.
Le contexte de hausse des taux a provoqué un repli des actifs risqués. Les obligations ont subi des replis significatifs en avril alors que les actions ont poursuivi leur mouvement de baisse dans un contexte de fortes rotations sectorielles. Les belles valeurs de croissance et les valeurs technologiques sont traditionnellement victimes d’un environnement haussier sur les taux.
Les valeurs cycliques et financières s’en tirent mieux. La publication des résultats du premier trimestre 2022 pour ces entreprises de croissance est pourtant souvent largement positive. Nous pensons que cette rotation sectorielle touche à sa fin et tenons nos positions sur ces valeurs à forte visibilité.
Dans ce contexte, nous avons décidé, de réduire tactiquement l’exposition aux actions en début de mois sur l’ensemble des profils de gestion. Nous sommes ainsi passés de 33 à 30 pour cent sur les profils modérés, de 59 à 49 pour cent sur les équilibrés et de 83 à 73 pour cent sur les dynamiques.
Nous vous donnons rendez-vous début juin pour notre prochaine intervention.