Céder son entreprise est une étape cruciale dans la vie d’un entrepreneur. Une préparation minutieuse est essentielle pour garantir une transmission réussie et optimiser les conditions de l’opération. Quelques clés pour préparer son entreprise à la cession.
1. Ma société est-elle prête à être cédée ?
Il est indispensable d’anticiper au maximum tout process de vente. Une entreprise trop centrée sur son dirigeant peut effrayer les potentiels acquéreurs ou investisseurs, inquiets de la stabilité et de la continuité de l’activité post-cession. Cela passe souvent par la montée en puissance d’une deuxième ligne de management solide et compétente, capable de prendre le relais en cas de départ du dirigeant.
Un travail sur la rentabilité de la société peut également être entrepris pour optimiser la présentation financière du dossier. Y a-t-il des dépenses non récurrentes ou exceptionnelles à mettre en avant ? Ces éléments pourront être retraités du résultat d’exploitation de la société pour présenter une vision normative de la rentabilité et impacteront mécaniquement la valorisation.
2. Pourquoi je souhaite céder ?
Réfléchir aux raisons de la cession est une étape cruciale pour définir l’opération capitalistique la plus adéquate. S’agit-il de céder une minorité, une majorité ou la totalité du capital ? L’acheteur sera-t-il un fonds d’investissement, un acteur du secteur, un concurrent français ou étranger ? Combien de temps suis-je prêt à continuer ? Les réponses à ces questions détermineront la stratégie à adopter.
La cession partielle à un fonds d’investissement peut par exemple permettre de sécuriser une partie de son patrimoine tout en bénéficiant de moyens supplémentaires pour consolider le marché ou investir plus massivement. Un fonds accompagne financièrement et intellectuellement un dirigeant mais ne s’impliquera pas sur la gestion quotidienne de l’entreprise. Il aura besoin de s’appuyer sur une équipe solide et motivée. Les intérêts pourront être alignés notamment par la mise en place d’un « management package » permettant à l’équipe de direction de capter une partie de la plus-value réalisée par l’investisseur financier.
A contrario, une cession à un acquéreur stratégique permettra peut-être de bénéficier de synergies intéressantes (nouveaux canaux de distributions, international, fonctions supports, etc.). Il pourra aussi permettre un désengagement plus important du dirigeant. Vigilance si l’acquéreur stratégique ne reprend pas immédiatement 100% du capital. Il faudra négocier un pacte d’associé clair et précis sur les conditions de gouvernance et de liquidité pour ne pas rester ad vitam æternam bloqué en tant qu’actionnaire minoritaire sans droit.
3. Combien de temps ?
La cession d’une entreprise est un processus qui s’étale généralement sur 6 à 12 mois, incluant le temps de préparation du dossier. La période de transition varie ensuite en fonction du type d’opération. Un acquéreur stratégique peut demander un accompagnement pouvant durer 1 à 2 ans pour assurer une passation en douceur. Dans ce cas, il peut être négocié un ou plusieurs compléments de prix qui dépendront de l’atteinte d’objectifs.
S’il s’agit d’un investisseur financier, la durée d’accompagnement s’étend généralement de trois à cinq ans. Le dirigeant et le fonds bénéficieront alors ensemble de la création de valeur pendant cette période.
4. Comment me préparer ?
Avant de lancer officiellement le processus de cession, il faut se préparer pour mettre en valeur la société. Le
dirigeant et son conseil doivent anticiper toutes les questions potentielles des acquéreurs pour ne jamais être pris de court. Réfléchir au positionnement de l’entreprise. Mettre en avant ses axes différenciants. Présenter les perspectives de développement. Analyser la récurrence du chiffre d’affaires. Étudier les opportunités de croissances externes. Vérifier l’absence de dépendance clients ou fournisseurs.
Optimiser la cession de son entreprise requiert une préparation minutieuse et une réflexion stratégique approfondie. Comprendre le champ des possibles et anticiper au maximum permettra à l’entrepreneur de mettre toutes les chances de son côté pour réussir son opération.
Guillaume EYMAR
Partner chez Cambon Partners