Voilà près de 4 ans que des événements successifs viennent altérer les grands fondamentaux des cycles économiques et rendent difficile la vie des investisseurs.
Covid, conflit russo-ukrainien, inflation record et structurelle, conflit israélo-palestinien, … sont autant d’éléments venant embuer l’esprit des investisseurs et venant chahuter la lecture des marchés financiers.
Complexe de savoir réagir et investir dans ce contexte
Les hausses de taux successives dans le but de juguler l’inflation et ralentir la croissance ont modifié le paysage complet des placements. Même avec les prévisions de baisses, le contexte reste très favorable aux placements traditionnels (fonds €, DAT,…) permettent désormais d’investir dans des solutions sans risque et au rendement garanti à hauteur de 3.50% – 4% par an. Ce genre de solution agit donc comme une règle étalon, venant modifier le regard que nous portons aux autres solutions, celles incorporant des risques.
Dans le même temps, les risques exogènes n’ont fait que croître créant stress, incertitudes et craintes de la part des investisseurs. Est-ce le bon moment d’investir quand tant de conflits géopolitiques viennent rabattre les cartes et modifier l’ordre mondial ? Question fondamentale à laquelle il est impossible de répondre aujourd’hui.
L’investisseur, même le plus avisé, reste perdu. En effet, malgré ces nombreux risques sur lesquels il est compliqué d’établir des modèles de placements, les marchés actions restent à des points hauts depuis 10 ans et leur volatilité, à savoir la mesure du risque, n’a fait que chuter.
Alors comment réagir dans un contexte où même les plus érudits en perdent leur latin ? La bonne nouvelle est que 2 certitudes émanent : la première est le principe de prudence dans les choix d’investissement, la seconde est que les solutions d’hier ne sont plus celles de demain. En effet, le ratio risque-rendement a été modifié, les placements doivent s’adapter au nouveau paysage, aux nouveaux objectifs de rendement et aux nouveaux besoins des investisseurs.
Quelles sont les solutions à plébisciter en 2024 ?
2023 a été l’année des investissements obligataires et des produits structurés. 2024 semble se dessiner de la même manière, avec certainement des opportunités à prendre sur d’autres classes d’actifs. Conseils et expertises seront de mises pour ne pas prendre des risques démesurés.
Zoom sur la classe d'actifs des produits structurés
Les produits structurés sont la combinaison d’une composante obligataire et d’une composante d’outils dérivés. Pourquoi cette classe d’actifs est-elle davantage plébiscitée que les autres actuellement ?
5 raisons majeures expliquent ce succès :
- La composante obligataire bénéficie des niveaux actuels de taux. Cet ajout de valeur permet de proposer soit plus de rendement, soit plus de protection dans les solutions, soit un peu des deux !
- La composante dérivée permet d’offrir des stratégies sur-mesure s’adaptant au contexte actuel, au profil de risque et à la recherche de rendement quelque soit le contexte. En effet, en période de croissance molle, pouvoir gagner des rendements de 7 à 10% quand le marché a fait 0% est très tentant. Pas besoin de vision ni de conviction puisqu’on peut gagner de l’argent en marché stable ou même baissier. L’attentisme est donc évité, ce qui est essentiel à la performance du patrimoine en période inflationniste.
- La diversification et la décorrélation de son portefeuille financier sont possibles via la classe d’actifs des produits structurés. Il s’agit là d’atténuer le risque de son portefeuille tout en bénéficiant de revenus attractifs et d’une résilience éprouvée.
- Les produits structurés ont une liquidité journalière permettant d’acheter et de vendre les placements tout au long de leur vie. Cela apporte à l’investisseur flexibilité, adaptabilité et la possibilité de prendre de nouvelles opportunités lorsqu’elles se présentent. Les cycles économiques étant plus courts et plus violents qu’à l’époque, cet argument a encore plus de poids aux yeux des investisseurs.
- Au sein des produits structurés, dès lors que le contrat est signé, l’investisseur connait tous les mécanismes et caractéristiques de son placement : maturité maximale, observations, niveau de barrière des coupons, de barrière du capital, rendement, condition de remboursement anticipé… Dans un contexte incertain, avoir une maitrise et une visibilité sur son portefeuille financier en mesurant à l’avance les risques encourus, est un luxe suffisamment rare pour être apprécié.
Quelles sont les grandes tendances attendues pour les produits structurés en 2024 ?
A des niveaux de taux semblables à ceux que nous connaissons actuellement, les produits structurés à capital intégralement garanti resteront très présents. En effet, au fur et à mesure de la hausse des taux en 2022 et 2023, cette typologie de produits a pris une place prépondérante après des années d’oubli (et de taux négatifs). Par ailleurs, tant que les marchés financiers seront chahutés par les risques exogènes, les investisseurs de tout profil utiliseront les solutions à capital garanti et coupons garantis (de type obligataire) pour atténuer le risque de leur portefeuille et assurer une performance tout au long de l’année. Il faudra tout de même profiter des taux actuels au plus vite (1er semestre) avant qu’une baisse des taux ne devienne effective et atténue l’intérêt des solutions de ce type.
Pour les autres familles de produits structurés : à rendement garanti mais capital à risque, à rendement conditionnel, de participation, le mot d’ordre sera l’ajout de mécanismes défensifs. Quels sont ces mécanismes ? Effet mémoire sur le coupon, strike min, dégressivité des barrières de rappel, niveau plus bas que le niveau initial pour les barrières de rappel (low strike), barrières de coupon et de capital à – 40% ou plus…
Au-delà des structures, les sous-jacents sélectionnés auront certainement une importance capitale. Le mix produits avec l’utilisation des classes d’actifs taux et crédit en sus de la classe d’actifs actions sera plébiscité. La sélection des sous-jacents sera primordiale pour éviter tout risque, avant d’y voir plus clair ensuite.
Au sein des sous-jacents actions, la thématique ESG ou Accords de Paris reste plébiscitée par les investisseurs dès lors que leur performance est semblable aux indices benchmark.
A plus long terme, les entreprises investies doivent croitre plus que les autres, les indices de cette thématique devraient donc être eux aussi plus performants. Nécessité, règlementation et prise de conscience viennent ajouter leur pierre à l’édifice dans les choix de placements des investisseurs. L’utilisation de Green Bond permettant un investissement direct dans des projets de ce type reste également une solution appréciée. Green Bond et sous-jacents Accords de Paris/ ESG peuvent évidemment se combiner au sein d’un produit structuré.
Enfin, les sous-jacents activement gérés (fonds ou AMC) comme matière première aux produits structurés, ont fait leur entrée en France et semblent être une tendance qui s’installe. L’objectif est d’avoir un sous-jacent flexible et adaptable en fonction du marché et des opportunités, managé par un gérant, et via des solutions défensives permettant de réduire le risque en comparaison d’un investissement en direct.
Nos convictions
- Rester sélectif sur les sous-jacents plébiscités et défensif sur les structures travaillées ;
- Être capable d’agir rapidement dès que les baisses des taux deviendront effectives ;
- Bloquer les niveaux de taux actuels le plus longtemps possible ;
- Profiter des solutions à capital garanti ;
- Travailler son portefeuille financier avec une allocation diversifiée et un conseil d’experts en la matière.
Pauline HAMPARTZOUNIAN
Directrice de l’offre Produits Structurés - Associée
pauline.hampartzounian@cyrusconseil.fr