Podcast : Mieux travailler la gestion de sa trésorerie d’entreprise

Podcast : Mieux travailler la gestion de sa trésorerie d’entreprise

Bienvenue sur le premier épisode de notre podcast « Dans l’oreillette », un format exclusivement dédié à la Gestion Privée et Gestion de fortune. Aujourd’hui, retrouvez Pauline Hampartzounian, Directrice Associée du Pôle Produits Structurés chez Cyrus, pour aborder la gestion de trésorerie d’entreprise.

Animateur : Pour commencer Pauline, peux-tu nous dire ce que permet la holding « patrimoniale » ?

Pauline Hampartzounian : Lorsqu’une holding « patrimoniale » a été mise en place, il est possible de faire remonter la trésorerie d’entreprise non nécessaire au fonctionnement quotidien des filiales opérationnelles. Cette trésorerie d’entreprise peut ainsi être gérée sur du moyen-long terme en profitant d’un contexte de marché très favorable.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur le contexte de marché actuel ?

P.H. : Suite à une période favorable aux entreprises endettées, les années 2022 et 2023 ont permis au marché du financement et des placements de trésorerie de retrouver une échelle de rendement plus cohérente.

Les hausses de taux successives dans le but de juguler l’inflation et ralentir la croissance ont complètement modifié le paysage des placements.

Par exemple, les placements traditionnels (fonds euros, DAT, …) permettent désormais d’investir dans des solutions sans risque et au rendement garanti à hauteur de 4% par an. Ce genre de solution vient modifier le regard que nous portions sur les autres solutions : celles incorporant des risques. 

Est-ce que dans ce contexte particulier, tu pourrais nous dresser un portrait type du « trésorier investisseur » ? Quelles sont ses caractéristiques ? Ses contraintes statutaires ? Réglementaires ?

P.H. : Alors c’est finalement assez compliqué. Les caractéristiques, objectifs, horizons de temps et contraintes de chaque entreprise sont tout à fait différents entre des entreprises au fort volant de trésorerie, mais devant être disponible rapidement, et d’autres qui ont des ressources plus limitées, mais ont un socle de trésorerie tout à fait stable pouvant être placée sur 3 ou 5 ans…

Pour ce qui est des contraintes statutaires et réglementaires, elles sont aussi nombreuses que le nombre de trésoreries…

D’accord, mais y a-t-il tout de même des grandes lignes communes aux « trésoriers investisseurs » ?

P.H. : Oui, on pourra logiquement dresser un constat et des grandes lignes à peu près opposées à celles des emprunteurs :

  • Se positionner plutôt sur les produits de marché que sur les produits bancaires afin de maximiser actuellement son rendement.
  • Profiter des niveaux actuels des taux pour investir tout ou partie du volant de trésorerie stable, afin de capter le plus longtemps possible des rendements significatifs avant que les taux ne rebaissent.

Et peux-tu nous préciser un peu plus les produits ou services qui te semblent adaptés aujourd’hui ?

P.H. : Oui tout à fait.

Tout d’abord, on va avoir les fonds d’obligations très courtes, avec des rendements embarqués entre 3 et 6 % sur des maturités de 1 à 3 ans en fonction de la qualité de crédit des émetteurs ;

On aura aussi les fonds d’obligations à échéance qui permettent à l’entreprise d’adosser précisément son besoin de trésorerie à la maturité du fonds. Ces investissements suscitent d’ailleurs actuellement un grand intérêt des trésoriers d’entreprises ou des institutionnels ;

Je pense aussi bien évidemment, aux produits structurés, qui se placent en très bonne position depuis ce changement de paysage.

J’aimerais faire un focus sur les produits structurés justement, peux-tu nous en dire un peu plus ? Brièvement leur fonctionnement, l’intérêt pour les trésoriers ?

P.H. : Oui, alors il faut savoir que les produits structurés construits via une obligation d’une part, et des outils dérivés d’autre part, bénéficient de cette nouvelle conjoncture de marché.
La hausse des taux va venir apporter de la valeur à l’obligation, les incertitudes, à savoir la volatilité, apportent de la valeur aux outils dérivés.

On a un type de placement, deux moteurs de valeurs présents simultanément, et des marchés financiers complexes à appréhender… ce qui nous fait la formule parfaite pour que les trésoriers se tournent de nouveau vers les produits structurés ! Particulièrement ceux dont le capital est garanti à 100 % à échéance, afin de limiter au maximum les risques tout en allant chercher des performances supérieures à celles que proposent les DAT actuels et pour plus longtemps.

Je suis trésorier, quelles sont d’après toi les questions primordiales à se poser avant d’investir ?

P.H. : La première question à se poser, c’est quel est l’horizon de placement ? Et quel est le besoin de liquidité ?

Il existe des produits financiers à court (6 mois, 1 an), à moyen (3 ans) ou à long terme (plus de 5 ans) en fonction de sa capacité à mobiliser sa trésorerie. Certains produits comme les comptes à terme sont réellement bloqués jusqu’à la date de fin contractuelle.

D’autres produits comme les fonds obligataires ou les produits structurés sont cotés chaque jour et permettent donc de retirer son investissement à tout moment au cours de la vie du produit. Cela se fera à la valeur cotée du placement le jour J, et donc sans garantie en capital au moment du retrait : le désinvestissement pourra donc être bénéficiaire (gain) ou déficitaire (perte) en fonction du produit et du moment choisi.

Peux-tu nous préciser la différence entre les produits structurés et les comptes à terme ?

P.H. : Les CAT (comptes à terme) sont des placements simples, traditionnels et liquides. Leur principe est d’offrir un rendement garanti et aucun risque sur le capital sur des horizons de placements usuellement assez courts : 3M / 6M, mais des maturités plus longues peuvent être proposées, parfois jusqu’à 3 ou 5 ans.

Les produits structurés sont eux des placements plus complexes, moins traditionnels, mais avec une liquidité là aussi journalière. Il s’agit d’un placement sur mesure et l’on peut investir dans des stratégies multiples en fonction des marchés. Une gamme de Produits structurés propose une stratégie semblable à celle des DAT : rendement garanti distribué ou capitalisé, capital garanti mais à échéance.

La différence sera sur la diversité des maturités proposées : on peut aller jusqu’à 15 ans voire 20 ans, ou sur des options de remboursements anticipés par l’émetteur permettant de booster le rendement garanti.

Quelle est ensuite la deuxième question à se poser d’après toi ?

P.H. : La seconde question est plutôt relative au rendement souhaité. Et pour quel risque associé ?

Il existe des produits pour toutes les stratégies de trésorerie : des fonds de trésorerie de quelques semaines à quelques mois, des fonds obligataires millésimés par année, des produits structurés au rendement garanti de 4/5 % par an, des produits au rendement de 6 à 7 % par an, et même des produits au rendement à 2 chiffres !

Evidemment, le risque associé croît avec le rendement. Il conviendra alors de déterminer si l’on souhaite prendre du risque en capital, un peu, beaucoup ou pas du tout.

Peux-tu nous donner un exemple ?

P.H. : Bien sûr. Par exemple, un produit sans risque en capital pourra conférer à son porteur un rendement également garanti, à hauteur de 5% par an capitalisé sur un horizon moyen. Cette stratégie réplique celle des DAT, mais à plus long terme. 

D’accord. Y a-t-il d’autres questions à se poser ?

P.H. : Oui, la troisième et dernière question à se poser, c’est de quelle visibilité avons-nous besoin ?

Les caractéristiques des produits structurés et des fonds de trésorerie sont multiples, et permettent de diversifier à tous les niveaux ses placements. Diversification des horizons de placement, des types de produits, des paiements des rendements, des actifs sous-jacents (taux, crédit, indices, actions, fonds…), des risques, des stratégies, des zones géographiques ou encore des secteurs… Chaque composante du produit est déterminée et connue à l’avance par le trésorier, lui permettant d’acquérir une maîtrise et une visibilité dans sa gestion de trésorerie.

Cet atout est majeur dans un contexte mouvant et incertain puisqu’il permet d’apporter de la sérénité aux investisseurs !

Pour finir, quels sont les derniers conseils que tu pourrais donner à nos auditeurs ?

P.H. :

  • Se poser les questions essentielles avant toute décision d’investissement : liquidité, horizon de placement, risque, rendement… ;
  • Profiter dès que possible des niveaux de taux pour bloquer à moyen ou long terme des conditions attractives ;
  • Penser aux fonds obligataires et aux produits structurés pour bénéficier de rendements supérieurs aux DAT (dépôts à terme).
Pauline Hampartzounian

Pauline Hampartzounian

Directrice Produits Structurés, Cyrus Conseil
pauline.hampartzounian@cyrusconseil.fr